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Immobilier : la production de nouveaux prêts pourrait redémarrer
Le 07 / 08 / 2023

  • La banque de France a diffusé des estimations de production en baisse sensible, à 12,7 milliards d’euros pour juillet.
  • Mais l’Observatoire Crédit Logement/CSA commence une reprise dans les mois à venir.

 

Marion Heilmann

 

Le pire serait-il passé pour le crédit immobilier ? La question revient régulièrement tant la production de nouveaux prêts à l'habitat s'est effondrée en raison de la hausse des taux. Mais certains professionnels commencent à entrevoir une lumière au bout du tunnel. Autrement dit, une reprise de la production dans les mois à venir.

Selon les dernières estimations de la Banque de France pour le mois de juillet, la production a de nouveau chuté de plus de 40 % en un an, passant de 21,8 milliards d'euros en juillet 2022 à 12,7 milliards le mois dernier. Ce niveau de production est inférieur à celui constaté durant le confinement, qui avait pourtant subi un trou d'air puisque les agences bancaires étaient fermées.

 

Une production au plus bas depuis 2014

 

Il faut même remonter à décembre 2014 (10,9 milliards) pour retrouver des chiffres aussi bas. Ces niveaux n'ont rien d'exceptionnel, nuance-t-on à la Banque de France, car avant la période de taux historiquement bas, le financement de l'immobilier tournait régulièrement autour de 10 milliards d'euros.

Entre-temps, les prix de l'immobilier ont néanmoins explosé et s'ils ont commencé à refluer en raison de l'envolée des taux de crédit, ils risquent de mettre du temps à baisser. En un an, les taux ont en effet explosé, passant de 1,45 % en moyenne en juillet 2022 à 3,19 % (hors assurance), selon les premières estimations de la Banque de France pour juillet 2023. Là encore, il faut remonter à début 2014 pour retrouver des taux aussi élevés.

« Avec des taux aujourd'hui aux alentours de 4 % sur vingt ans dans les barèmes bancaires et un taux d'usure à 5,33 %, nous pensions que les banques allaient être de nouveau incitées à prêter, explique Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer.com. Or on n'observe aucun redressement de la production, car il n'y a aucune amélioration de l'offre bancaire, et les gens diffèrent leur achat. » Selon elle, la production n'a donc toujours pas touché le fond.

 

Du côté de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, dont les statistiques ne couvrent qu'une partie du marché du crédit, on continue également d'observer une baisse drastique de la production. « Pour autant, l'horizon du marché semble s'éclaircir, sous l'effet d'une lente remontée de la profitabilité de la production nouvelle », explique l'organisme de caution.

 

Le gel du taux du Livret A à 3 %, une bonne nouvelle 

Une remarque notable puisque c'est la première fois depuis près d'un an que Crédit Logement/CSA fait preuve d'une pointe d'optimisme. « C'est assez encourageant, estime Laura Martino, directrice des partenariats du courtier Cafpi.

Nous observons que le mois de juillet a été un mois de rebond car la baisse de l'activité sur le montage des dossiers a commencé à ralentir. » Selon elle, entre une accalmie attendue dans les prochains mois sur la hausse des taux, des salaires qui ont progressé, et une inflation qui amorce un reflux, les clients commencent à revenir.

Pourtant, prévient Crédit Loge-ment/CSA, « la reprise sera lente et hésitante, tant que l'accès au crédit n'aura pas été desserré par la Banque de France ». Le gel du taux du Livret A à 3 % a certes été une bonne nouvelle pour le crédit immobilier.

Il a évité aux banques de voir a nouveau le coût de leurs ressources augmenter, ce qui les aurait poussées à relever encore leurs taux de crédit. Pour autant, les critères d'octroi de crédit fixés par le Haut Conseil à la stabilité financière, après un très léger aménagement en faveur des investisseurs locatifs en juin, semblent à présent gravés dans le marbre pour un long moment.

Article Les Echos, du lundi 7 août 2023